DLPDGS - épisode 16
21 heures
C'est l'heure ! Sur la place du village, comme prévu, tous les Schtroumpfs sont au rendez-vous pour le concert. Chacun tente (vainement) d'accorder son instrument. Cacophonie ubuesque. Mais, sur Anne... tout le monde est là exceptés la Schtroumpfette et le Schtroumpf amoureux, pourtant, ils devraient être là...
Chaque Schtroumpf a apporté un instrument de musique différent : contrebasse, harpe, trompette, guitare, flûte, cymbales, tuba, flûte de pan, grosse caisse, ondes Martenot, chapeau chinois, violon, xylophone, scie musicale, cordes schtroumpfales, etc. La Schtroumpfette et le Schtroumpf amoureux devraient être là...
De mon côté, j'apporte le pupitre, une partition, et la baguette de chef d'orchestre que j'ai trouvés tout-à-l'heure à 16h55 dans le petit coin sombre de la maison du Grand Schtroumpf.
Un seul Schtroumpf n'a pas d'instrument : le Schtroumpf grognon qui s'est mis au dernier rang et se bouche déjà les oreilles. Loin derrière, nous risquons moins d'entendre ses grognements parasites. Mais où sont donc la Schtroumpfette et le Schtroumpf amoureux ?
Non loin de lui, avec ses nattes, ses lunettes noires et ses tongues, le Schtroumpf rasta s'installe complètement à l'ouest. Et pour cause... Il est le seul à fumer des feuilles de salsepareille, et la fumée n'est pas appréciée par les autres Schtroumpfs. Le vent d'est portera donc sa fumée loin de l'orchestre. Il a bien sûr apporté avec lui sa « guitare ».
Vous pourrez trouver une magnifique photo du Schtroumpf rasta sur ce blog. (Je n'oserais pas ici copier cette magnifique image reproduite avec tant de soin, de précision et de protection, même si je connais un moyen très simple pour enlever ce tout petit verrou interdisant la copie...)
Le Schtroumpf musicien, lui, se place au premier rang. En grand virtuose, il doit jouer ce soir un difficile solo de biniou acrobatique. Je vous assure que ce n'est pas facile, car il vient de me prêter son instrument et je suis tombé plusieurs fois.
Nous installons un petit champignon séché, noir et jaune, sur lequel je me hisse, avouons-le assez péniblement. Je dispose bien à plat ma partition sur le pupitre, appuyant bien avec la main au creux de la reliure, sans la casser, car il y a un peu de vent et je ne voudrais pas que mes pages se tournent pendant le concert. Quelques coups de baguette sur le pupitre pour imposer le silence et le concert peut enfin commencer !
C'est parti ! Trois, quatre !
Nous entamons la schtroumpfième symphonie en schtroumpf de Schtroumfoven.
Mais rapidement, et dès la fin du premier mouvement, notre concert se révèle être une véritable cataschtroumpf ! Non par ma faute, car je sais très bien lire la musique et je dirige de main de maestro l'orchestre, mais tout simplement parce que les Schtroumpfs ne sont pas musiciens pour deux sous ! En réalité, ils ont juste envie de faire du bruit et de s'éclater, rien de plus !
Pour ne pas décevoir les villageois, je m'attache à mon rôle de chef d'orchestre jusqu'à la dernière note. Heureusement pour lui, le Schtroumpf musicien, habitué à ce vacarme, s'est mis des bouchons de cire d'abeille butineuse dans les oreilles, et réussit à jouer son solo avec un grand talent. Heureusement aussi pour lui, il ne s'entend pas... Pas de nouvelles de la Schtroumpfette et du Schtroumpf amoureux. J'ai beau me contorsionner en tous sens, pousser l'allegro, aller jusqu'au fortissimo, je ne fais que ressentir moultes douleurs dans les épaules, sans jamais même les entrevoir.
Après ce formidable moment de « détente » musicale, je rentre rapidement courbatu et grincheux chez moi, en courant pupitre, partition et baguette à la main, car j'ai un rendez-vous important à 22 heures... Sans avoir eu vent de la Schtroumpfette et du Schtroumpf amoureux...
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